
Publié le 4 juil. 2020 à 12h00
Il y a beaucoup de petites histoires dans la grande. Christo, l'artiste d'origine bulgare décédé le 31 mai 2020 , connu pour ses empaquetages gigantesques du Pont Neuf, à Paris en 1985, ou du Reichstag de Berlin dix ans plus tard a d'abord existé grâce à un coiffeur. Parce que cet artisan, René Bourgeois, lui présentait les riches dames dont il peignait le portrait pour survivre alors qu'il était jeune artiste. C'est dans cette optique qu'il lui a présenté Précilda de Guillebon, la mère de Jeanne-Claude, une jeune fille de la haute société qui allait devenir sa femme, sa complice, la cheville ouvrière de ses projets tentaculaires et qui finira même par signer conjointement leur oeuvre. Elle est décédée en 2009.
Entre 1958 et 1964, Christo habite Paris avant d'aller vivre pour le reste de son existence à New York. Le Centre Pompidou se penche particulièrement sur cette période qui va décider du reste de sa création, puis fait un zoom, sous forme de making of, en deux grandes salles sur le projet qui reste dans les mémoires mais n'a duré que deux semaines (comme toutes ses opérations monumentales) : l'empaquetage du Pont Neuf.
C'est en 1958 que Christo, ce jeune réfugié de l'Est qui a passé la frontière, caché à l'arrière d'un camion, commence à emballer des objets. Il s'intéresse à leur volume, parle à propos du procédé de momies et pratique ce geste inconsciemment : « Je ne sais pas pourquoi j'empaquetais. » A l'époque, on l'interprète comme celui d'un nomade qui formerait des baluchons. Tout objet du commun peut être emballé par Christo, avant le grand voyage symbolique. Dans le même temps, l'artiste jusque-là peu familier de la création internationale s'ouvre au monde, comme l'explique la commissaire de l'exposition, Sophie Duplex.
L'artiste dans l'espace
C'est ainsi qu'il découvre les « Texturologies » en 1959, ces toiles toutes en matière de Dubuffet, ou les jets de peinture, ce travail de « dripping », de Jackson Pollock exposé à Paris la même année. Ces nouvelles influences lui inspirent des tableaux qui sont la grande surprise de l'exposition : les « Cratères ». Il s'agit de toiles en noir et blanc, très épaisses, parsemées de quelques bubons, qui font penser à de surprenantes vues de l'espace. Comme bien d'autres à l'époque, l'artiste semble fasciné par les enjeux de la conquête spatiale.
Christo explore dès lors différentes directions dont des murs de tonneaux métalliques que le critique d'art Pierre Restany appelle des « cathédrales à un culte inconnu ». Un qualificatif qui résume aussi parfaitement la future pratique monumentale de l'artiste. Rendez-vous le 18 septembre 2021 pour l'empaquetage de l'Arc de Triomphe, ultime cathédrale éphémère dédiée au culte Christo.
July 04, 2020 at 05:00PM
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Christo avant Christo au Centre Pompidou - Les Échos
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Sophie Paris
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