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Le parti pris de Sophie Coignard : Macron ou le risque de « jospinisation » - Paris-Normandie

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C’est une coïncidence comme la politique sait parfois en provoquer. En cette fin de semaine, Lionel Jospin est sorti de son silence pour assurer dans les médias la promotion de son livre Un temps troublé (Seuil). Mi-plaidoyer pro domo, mi-réquisitoire contre Emmanuel Macron, son ouvrage dénonce chez le président un penchant néo-libéral qu’il considère comme archaïque. Il y voit l’origine du sentiment d’incertitude et de désillusion qui s’est emparé des Français. Une analyse qui aurait pu convaincre au début du quinquennat, du temps des « premiers de cordée », mais qui laisse songeur au moment même où le gouvernement dévoile un plan de relance à 100 milliards d’euros. Mais surtout, les propos de Lionel Jospin se télescopent avec l’actualité.

L’ancien premier ministre répugne à revenir sur sa principale erreur stratégique de 2002 : son déni face à la montée de la violence dans le pays tandis qu’il était aux affaires. À l’époque, un débat divisait la classe politique. La droite dénonçait une insécurité grandissante, tandis que la gauche, dans sa majorité, évoquait un trompeur « sentiment d’insécurité » entretenu, entre autres, par les médias. Les Français, dans leur majorité, avaient choisi leur camp. En fin de campagne, Lionel Jospin avait fini par s’excuser de sa « naïveté » en la matière, mais trop tard...

Interrogé sur France Inter, jeudi 3 septembre, il semble ne pas se souvenir de cette controverse, qui lui a pourtant coûté cher en 2002 et qui a permis à un candidat d’extrême-droite de se hisser pour la première fois au second tour de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron, lui, n’a assurément pas ces trous de mémoire. Il ne peut ignorer le risque de « jospinisation » qui le guette depuis son accession à l’Élysée, lui qui a du mal à « imprimer » dans l’opinion sur les sujets régaliens.

« On n’est pas obligé de faire dans la surenchère populiste »

Or, au moment même où Lionel Jospin peaufinait les derniers détails de sa journée promotionnelle, deux importants membres du gouvernement s’écharpaient par micros et caméras interposés.

L’objet de la querelle ? L’emploi par Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, du terme « ensauvagement » pour qualifier la violence d’une partie de la société, indifférente à l’autorité de l’État. Son collègue Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, célèbre avocat bien connu pour son franc-parler, récuse ce vocabulaire dans des termes assez abrupts. En substance, à ses yeux, parler d’ensauvagement renforce le « sentiment d’insécurité » qu’éprouvent les Français, sentiment qu’il estime erroné. « On n’est pas obligé de faire dans la surenchère populiste », tacle-t-il. Tout le monde a pu suivre le pas de deux des protagonistes, le premier qui maintient, le second qui récidive dans la critique et affirme même que la délinquance des mineurs n’a pas augmenté depuis dix ans, propos accueillis avec scepticisme par de nombreux experts.

Ce duel à fleurets – à peine – mouchetés prend toutefois une autre dimension qu’une simple démonstration de cacophonie gouvernementale. D’abord, les propos d’Éric Dupont-Moretti sur le « sentiment d’insécurité » et les « bons chiffres » de la délinquance réactivent la menace de « jospinisation » qui plane sur Emmanuel Macron. Ensuite, ils ouvrent un boulevard à la droite, en cette rentrée où elle est à la peine. Gérard Larcher a dégainé le premier : « Insécurité n’est pas un sentiment mais une réalité. »

Enfin, cette escalade verbale contraint le Premier ministre et le président à jouer les arbitres. L’un comme l’autre a refusé de trancher le « débat sémantique ». Mais tous deux ont pris soin, en des termes choisis, de pencher plutôt du côté de Gérald Darmanin. C’est à cette aune qu’il convient de décrypter le discours prononcé par Emmanuel Macron au Panthéon, ce vendredi, pour célébrer le 150e anniversaire de la République. « Ceux qui s’en prennent (aux représentants de l’autorité) ne passeront pas », et s’exposent à de « lourdes condamnations » dans une République qui « n’admet aucun séparatisme », a déclaré le chef de l’État. Derrière les citations de Camus et de Péguy, le message était clair.

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September 05, 2020 at 09:50AM
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Sophie Paris

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