
« Deuxième vague » ? Simple « rebond » ? Spécialistes et responsables politiques peuvent toujours ergoter sur les termes, l’inquiétude monte dans l’opinion. Tous les signaux passent lentement à l’orange ou au rouge selon les régions. L’agence Santé publique France déclarait dans un communiqué vendredi 11 septembre 2020 : « Le virus circule dans la population et de manière très active chez les adultes jeunes. Sans changement de dynamique, le nombre hebdomadaire de nouveaux cas aura doublé dans quatorze jours avec un risque de diffusion du virus vers des populations plus âgées et plus vulnérables. »
Quarante-deux départements en zone rouge. Un taux d’incidence qui a augmenté de 26 % en une semaine, de 57 à 72 cas pour 100 000 habitants, avec de fortes disparités selon les territoires. Certes, le nombre de malades Covid admis à l’hôpital doublait tous les trois jours en mars 2020, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Mais prudence : on sait désormais que cet indicateur a quelques semaines de retard sur la propagation du virus.
Conscient de cette ombre qui plane sur une rentrée décisive, Emmanuel Macron a réuni un conseil de défense vendredi 11 septembre 2020 depuis la Corse, et le Premier ministre a annoncé les nouvelles mesures décidées à cette occasion. Rien de révolutionnaire. « Notre stratégie ne varie pas : lutter contre le virus sans mettre entre parenthèses notre vie sociale et économique », a dit Jean Castex, toujours à l’isolement, depuis le perron vide de l’hôtel Matignon.
Voilà pour la communication. Mais dans les faits, le gouvernement ne peut ignorer les failles qui existent dans la mise en œuvre du fameux « tester-tracer-isoler ».
Tester ? « Aujourd’hui nous avons un radar, nous avons une politique de tests très incisive », se félicitait le ministre de la Santé Olivier Véran. Au même moment, des médecins, des chercheurs, des experts de santé publique pilonnaient les résultats de la politique de « tests pour tous » décrétée par l’exécutif le 25 juillet 2020.
« La principale préoccupation de l’exécutif demeure économique et sociale
La possibilité de se faire dépister sans ordonnance, sans symptôme et sans débourser un centime a suscité des vocations inattendues chez certains patients. Auditionné par la commission d’enquête parlementaire du Sénat jeudi 10 septembre 2020, le président du syndicat des biologistes médicaux, François Blanchecotte, soulignait que, dans les files d’attente, un quart des candidats au test n’ont d’autre motif que de se rassurer, et que certains d’entre eux reviennent... plusieurs fois par semaine ! Tout le monde connaît désormais, dans son entourage, une personne qui a reçu le résultat de son test au bout d’une semaine, quand il n’était plus malade et encore moins contagieux. Pour y remédier, Jean Castex annonce des créneaux dédiés dans les laboratoires ainsi que des tentes dédiées aux publics prioritaires, qu’ils soient symptomatiques, cas contacts ou personnels soignants.
Tracer ? Deux mille agents supplémentaires seront recrutés pour rejoindre les fameuses « brigades » chargées de retrouver les cas contacts. Isoler ? Les quatorze jours réglementaires jusqu’alors sont réduits à sept pour que ce délai soit mieux respecté. Reste toutefois à transformer les annonces en actes, car les arguments d’autorité, qu’ils soient scientifiques ou gouvernementaux, se sont singulièrement érodés en six mois, à force de palinodies, notamment sur le port du masque en population générale.
Or, le mot magique, en termes de santé publique, est convaincre et non contrôler. La victoire sur la « deuxième vague », et le Premier ministre l’a souligné, nécessite l’engagement de l’ensemble des troupes, c’est-à-dire de chaque citoyen dans sa vie quotidienne, au travail comme en famille.
Sensibiliser sans paralyser ni angoisser, c’est la difficile ligne de crête sur laquelle évolue l’exécutif. Mais ne nous y trompons pas : sa principale préoccupation demeure économique et sociale. Tout nouvel arrêt de l’activité, fût-il plus ciblé qu’en mars 2020, entraînerait, dans le sillage de la « deuxième vague », un tsunami généralisé.
September 12, 2020 at 09:50AM
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Le parti pris de Sophie Coignard : deuxième vague sanitaire et tsunami politique - Paris-Normandie
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Sophie Paris
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