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Le parti pris de Sophie Coignard : « Justice et politique, le couple infernal » - Paris-Normandie

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Ils cherchaient la taupe. Celle qui avait, selon eux, informé Nicolas Sarkozy et son avocat qu’ils étaient écoutés, même quand ils communiquaient par l’intermédiaire d’une ligne téléphonique ouverte au nom de Paul Bismuth pour échapper à la curiosité de la justice. Pour trouver cet informateur clandestin, les hiérarques du Parquet national financier (PNF) ont déployé des moyens disproportionnés, dissimulés, attentatoires aux libertés.

Les avocats pénalistes Dupond-Moretti, Temime, Canu-Bernard, Haïk, Veil et quelques autres célébrités en robe ont ainsi été espionnés au seul motif qu’ils avaient eu, au moment des faits, un contact téléphonique avec le cabinet de Me Thierry Herzog. Le PNF a ordonné la saisie de leurs factures détaillées, les fadettes, qui permettent de savoir avec qui ils ont communiqué et pendant combien de temps. Certains ont même été géolocalisés, pour voir s’ils ne faisaient pas de mauvaises rencontres ou n’avaient pas des fréquentations douteuses.

Cette chasse à la taupe a donc déployé des moyens exceptionnels, tellement exceptionnels qu’ils se situent en dehors de la légalité. Tout dispositif de surveillance, quand il vise un avocat, doit en effet être préalablement notifié à son bâtonnier, afin de garantir le respect du secret professionnel, pilier indispensable des droits de la défense.

Des moyens disproportionnés, mais aussi dissimulés, ce qui est tout aussi grave. Malgré leur « pêche aux filets dérivants », procureurs et policiers font chou blanc. Ils ne s’en vantent pas et laissent dormir la procédure, sans effectuer aucun acte, pendant trois ans, avant de la clôturer. Au total, cette procédure cachée à toutes les parties intéressées a duré près de six ans !

Mais surtout, le Parquet national financier semble avoir fait fi des libertés fondamentales les plus élémentaires. Comme si les avocats de la défense (et leurs clients) n’étaient pas seulement des adversaires qu’ils affrontent dans les prétoires, mais des ennemis à abattre par tous les moyens.

Cette troublante affaire rappelle une fois encore, s’il le fallait, combien justice et politique forment un couple infernal. Ceux qui redoutaient de voir survenir la « République des juges » devraient s’intéresser davantage à la menace d’une « dictature des procureurs ». Surtout quand ils sont auréolés de la lutte contre les puissants, comme c’est le cas du Parquet national financier. Comme l’enfer, cette instance est pavée de bonnes intentions. N’a-t-elle pas été installée en 2014 dans le sillage de l’affaire Cahuzac, pour donner aux magistrats en charge de la délinquance en col blanc les mêmes prérogatives que ceux qui luttent contre le terrorisme ? Tout le monde, à l’époque, a applaudi comme un seul homme François Hollande d’avoir pris une telle initiative.

Six ans après, le bilan est plus que mitigé. Le PNF n’a pas rompu avec le pouvoir politique, puisqu’il doit rendre compte au parquet général de la Cour d’appel de Paris, lequel est hiérarchiquement subordonné à la direction des Affaires criminelles et des grâces, donc au garde des Sceaux. Pas assez indépendant pour être insoupçonnable, mais doté de suffisamment de pouvoirs pour avoir tout le loisir d’en abuser.

En abuser pour quoi ? Pour exercer une vengeance, consciente ou inconsciente, envers l’ancien président de la République qui, lorsqu’il était en fonction, s’était fait une spécialité de les mépriser publiquement, les traitant par exemple de « petits pois », « sans saveur », et « qui se ressemblent tous » ? L’avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, n’employait pas non plus un langage des plus châtiés pour évoquer les juges chargés d’instruire certaines affaires de son client, qu’il appelait par exemple « bâtards de Bordeaux » sur la ligne attribuée à Paul Bismuth. L’hypothèse d’une revanche des humiliés paraît puérile. Elle n’en est pas moins sérieuse. Et inquiétante. L’institution judiciaire et ceux qui l’incarnent se seraient honorés, au contraire, à traiter le justiciable Sarkozy comme un citoyen ordinaire, avec les mêmes moyens, le même respect des règles de droit, ni plus, ni moins.

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June 27, 2020 at 09:50AM
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Sophie Paris

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