- Gérald Darmanin, 37 ans, a été nommé ministre de l’Intérieur dans le premier gouvernement de Jean Castex.
- Il est la cible des associations féministes, qui rappellent qu’il est toujours visé par une plainte pour « viol », « harcèlement sexuel » et « abus de faiblesse ».
- Après deux ans de bataille procédurale, la cour d’appel de Paris a, pour des raisons de procédures, ordonné la reprise des investigations par un juge d’instruction en juin dernier.
A Marseille : « Remaniement de la honte. » A Lyon : « Au demeurant, mon violeur est un excellent ministre. » A Paris : « Gouvernées par la culture du viol. » Deux jours après l’annonce du gouvernement de Jean Castex, les collages féministes ont fleuri sur les murs de plusieurs villes de France pour appeler à la démission de Gérald Darmanin, tout juste nommé ministre de l’Intérieur.
Celui qui est aussi maire de Tourcoing (Nord) est visé, depuis 2017, par une plainte pour « viol », « harcèlement sexuel » et « abus de faiblesse ». Conscient que cela pouvait entacher son idéal de « République exemplaire », Emmanuel Macron a fait savoir, par son entourage, que cette plainte ne constituait pas « un obstacle » à la nomination de Gérald Darmanin au poste convoité de « premier flic de France ». Et Jean Castex « a assumé ». Mais la pression s’intensifie. 20 Minutes décrypte pourquoi…
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— collages_féministes_marseille (@CollagesMars) July 7, 2020
De quoi Gérald Darmanin est-il exactement accusé ?
L’affaire débute en 2009. Sophie Spatz a alors 37 ans et sort de plusieurs années de dépression à cause d’une histoire qui l’a traumatisée. Ancienne escort-girl, elle a été jugée par défaut et condamnée à une lourde peine pour avoir harcelé son ancien petit ami. Militante UMP, elle tape à toutes les portes pour tenter de faire effacer cette tache sur son casier judiciaire. « Cela peut paraître risible aujourd’hui. Mais elle a écrit à tout le monde. Même à Jean Sarkozy ! », raconte Elodie Tuaillon-Hibon, son avocate.
De fil en aiguille, la jeune femme se retrouve dans le bureau de Gérald Darmanin, qui est alors chargé de mission au sein du service des affaires juridiques de l’UMP. Il promet de l’aider. D’intervenir auprès de Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice. Selon le récit de la jeune femme, le jeune militant l’invite ensuite à dîner et lui demande, en contrepartie, de l’accompagner aux Chandelles, un club libertin, car « il ne peut pas y entrer seul ». Après la soirée, toujours selon sa version, elle l’accompagne dans un hôtel où ils ont eu une relation sexuelle.
Pourquoi reparle-t-on de cette affaire aujourd’hui ?
Sophie Spatz a d’abord déposé une première plainte pour viol en juillet 2017. Celle-ci a immédiatement été classée sans suite car la jeune femme ne s’est jamais présentée devant les enquêteurs pour expliquer sa démarche, malgré quatre convocations. « Elle avait peur d’y aller », justifie aujourd’hui son avocate.
Elle dépose donc une seconde plainte. Mais celle-ci connaît le même sort en février 2018. « Les auditions menées n’ont pas permis d’établir l’absence de consentement [de la plaignante] », notent alors les enquêteurs pour justifier leur décision. Comme la procédure le lui permet, la jeune femme saisit alors un juge d’instruction. Mais celui-ci rend à son tour un non-lieu.
L’affaire paraît enterrée. Mais après deux années de bataille procédurale, la cour d’appel de Paris ordonne, le 9 juin, la réouverture des investigations. « Pour une raison technique, explique une source proche du dossier. Le juge d’instruction a rendu un non-lieu en se fondant sur le résultat des enquêtes passées. Or, il aurait au moins dû mener un acte d’investigation lui-même avant de prononcer ce non-lieu. Voilà pourquoi on revient au point de départ. »
Que va-t-il se passer désormais ?
Le dossier n’a pas encore été transféré à un juge d’instruction. Mais cela n’est qu’une question de jours ou de semaines. Celui-ci va reprendre l’enquête. « Jusqu’à présent, seul le strict minimum a été fait. Il faut aller plus loin », réclame déjà Marjolaine Vignola, autre avocate de Sophie Spatz. « J’ose espérer que le juge va prendre l’initiative d’organiser une confrontation entre notre cliente et Gérald Darmanin », poursuit de son côté Elodie Tuaillon-Hibon.
La présomption d'innocence ne prime pas sur la nécessité d'effectuer des investigations de façon sereine, sérieuse et surtout égalitaire ... d'ailleurs le Code de procédure pénale prévoit des restrictions de liberté pour pouvoir mener une enquête impartiale et digne
— Marjolaine Vignola (@MarjoVignola) July 7, 2020
Le tout nouveau ministre de l’Intérieur, lui, ne s’est pas exprimé sur le sujet. Mais sa position n’a jamais varié. Il a reconnu avoir eu une relation sexuelle avec Sophie Spatz, expliquant que celle-ci était consentante et « à l’initiative ». Aujourd’hui, son entourage rappelle qu’il « s’est toujours rendu à toutes les convocations dans cette affaire ». Et qu’il continuera à le faire, si besoin.
Reste à savoir comment les policiers vont pouvoir enquêter sur leur ministre de tutelle. « L’accusé se retrouve en position d’avoir à orchestrer l’accompagnement des femmes victimes de violences par les professionnels de police », persifle ainsi l’association Osez le féminisme dans une pétition appelant à son « retrait » du gouvernement. Mercredi après-midi, elle avait recueilli plus de 6.000 signatures.
July 09, 2020 at 12:47AM
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Gouvernement Castex : Où en est la plainte pour viol visant Gérald Darmanin ? - 20 Minutes
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Sophie Paris
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