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"Ça facilite la vie" : à bord du Cerbère-Paris, des passagers en demande de trains de nuit - LaDepeche.fr

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l'essentiel Alors que le gouvernement envisage de relancer les trains de nuit, de nombreux passagers plébiscitent cette façon de voyager. Nous avons embarqué à Toulouse pour rejoindre Paris dans l'une des dernières lignes en fonction. Reportage.

Il est 22h06, ce mardi soir du mois d'août, quand l’Intercités de Nuit n°3730 entre en gare de Toulouse-Matabiau. À l’avant du train, on assiste à un passage de témoin : Johan, 21 ans de conduite à son actif, remplace son collègue qui pilotait l’engin de 541 tonnes depuis plus de trois heures. Le Cerbère-Paris de nuit, c’est une sacrée course de relais. Un 3 x 300 km épuisant pour ses conducteurs : Johan roulera jusqu'à Limoges avant d’être lui aussi suppléé, vers 3h du matin.

Un trajet fastidieux donc mais qui ne le décourage pas du tout, au contraire : "C’est un grand honneur que de conduire ce train. Un rêve de gamin" s’enthousiasme ce passionné du rail. Cette locomotive BB7200 dans laquelle il monte, c’est sa madeleine de Proust. Il l’a toujours connue et a toujours voulu la conduire. Cette grosse machine affublée d’orange et de l’ancien logo de la SNCF fut mise en service dès 1976.

Un train presque archaïque donc, qui contraste avec la jeunesse de ses passagers. Sur le quai, Hugo, 18 ans, embrasse sa mère. Il s’apprête à partir pour Nancy, accompagné de son père Eric, pour y chercher un appartement. Le train de nuit, en plus d’être moins cher qu’un TGV, leur permet d’économiser une nuit en hôtel.

L'avantage écologique

L'argument économique est mis en avant par la plupart des usagers. Avec sa carte jeune, Alexandre a pu obtenir un billet depuis Banyuls-sur-Mer pour 44 euros. Ce jeune homme de 24 ans muni d'un bâton de marche en bois et d'énormes sacs à dos vient de traverser une partie du GR 10 dans les Pyrénées. Mais il n'y a pas que l'argent qui lui a fait préférer ce mode de transport : il a également pris en compte l'argument écologique. Selon les chiffres de l'Agence de la transition écologique (Ademe), un train grandes lignes émet 10,8 grammes de CO2 par kilomètre et par passager, contre 144,6 pour l'avion. "Pour des vacances vertes, je me devais de prendre un moyen de transport vert" déclare le randonneur.

Sophie et Lauriane, la trentaine toutes les deux, reviennent d'Argelès où elles séjournaient avec un groupe d'amis. En choisissant de prendre le train de nuit, elles avaient bien en tête les avantages écologique et économique. Mais leur décision a aussi été motivée par une sorte de nostalgie : plus jeunes elles le prenaient tous les étés pour partir en vacances. Ce faisant, elles admettent, qu'elles "sacrifient un peu leur confort". En effet le Cerbère-Paris, une des dernières lignes de nuit exploitées par la SNCF, ce n'est pas l'Orient-Express ! Pas de wagons-lits mais des voitures-couchettes aux allures de dortoirs. Les plus téméraires, comme Sophie et Lauriane, ont même opté pour un siège inclinable...

Il se fait tard. Tandis que Johan trace dans la nuit à presque 150 km/h, Jeanne, elle, tente de progresser dans les couloirs sombres et étroits du train. Cette contrôleuse doit veiller à ce que tout se passe bien dans chaque voiture, mais elle trouve la tâche beaucoup plus fastidieuse que dans un train de jour. "Parfois tout le monde se met à faire n'importe quoi et ça devient la Bérézina !" reconnaît-elle. Ce soir-là, un passager tout juste monté à Montauban n'arrive pas à rentrer dans son compartiment pour rejoindre sa couchette. Et pour cause, la porte a été verrouillée de l'intérieur.

En l'ouvrant, Jeanne surprend un jeune homme et une jeune femme à deux dans une même couchette. Mais ce n'est pas cette scène cocasse qui l'agace le plus. Elle constate surtout que les placements n'ont pas été respectés et que cinq passagers sont dans le même compartiment alors que, Covid oblige, ils sont censés être limités à quatre personnes. La contrôleuse rétablit l'ordre avec vigueur puis retourne patrouiller dans les autres voitures. Il est 23h30, tout le monde est enfin couché.

Un aspect très pratique

Le lendemain, vers 6h30, une douce annonce vient réveiller ceux qui sont encore assoupis : « Des boissons chaudes vous sont proposées en voiture 7 » susurre la cheffe de bord. Romain, 22 ans, s'apprête à traverser tout le train depuis la voiture 15 pour récupérer sa collation. Ce jeune homme monté la veille à Port-Vendres où il était en vacances apprécie l'aspect pratique du train de nuit qu'il prend tous les ans : "S'endormir sur la route puis se réveiller 800 kilomètres plus loin au cœur de Paris, ça facilite la vie. Surtout, je n'ai pas besoin de prendre une navette depuis Roissy ou Orly pour rejoindre le centre" affirme-t-il, tout en savourant son café.

Ces avantages sur lesquels s'accorde la clientèle majoritairement jeune des trains de nuit. On retrouve également quelques usagers beaucoup plus anciens qui ont connu l'âge d'or de ce mode de transport qui n'a cessé de se réduire depuis une trentaine d'années. La volonté exprimée par le gouvernement de redévelopper le réseau de train de nuit séduit l'ensemble des passagers.

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August 15, 2020 at 12:01PM
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Sophie Paris

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